Les volets d’orgue ont été créés pour prendre place sur le buffet : assemblés aux montants du meuble par des charnières, ces immenses vantaux pouvaient être fermés ou ouverts en fonction de l’activité de l’instrument. Fragiles, et soumis à l’évolution du goût qui impacte tant les buffets que les instruments, les volets d’orgue sont des œuvres rares. Ceux de la cathédrale de Perpignan se distinguent nettement par leur date (1504) qui les place parmi les plus anciens du monde occidental, et par leurs dimensions qui les érigent, là aussi, parmi les plus monumentaux.

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Montage photographique représentant les volets ouverts de part et d'autre du buffet. 

© AMOROSO-WALDEIS. DRAC Occitanie  

Vue en perspective : simulation du buffet d'orgue avec ses volets ouverts.

R. GALTIER, Étude préalable à la restauration de l'orgue, 2017

© R. GALTIER. DRAC Occitanie  

Les volets sont formés de châssis en bois, mesurant chacun 12,6m de haut sur 4,3m de large, recouverts sur chaque face de toiles de chanvre. Ces toiles sont peintes avec des pigments minéraux - azurite pour les bleus, vermillon pour les rouges, ocre pour les jaunes, malachite pour les verts - liés par une colle protéique, suivant la technique de la détrempe (une technique picturale très répandue au Moyen Âge qui est peu à peu supplantée par la peinture à l’huile).
En 1843, les volets ont été déposés et accrochés aux murs de la cathédrale. Depuis cette date, seule les faces intérieures des vantaux, montrées lorsque le buffet était ouvert, sont visibles. Elles représentent principalement deux scènes liées à la vie du saint patron de la cathédrale : d’un côté, le baptême du Christ par saint Jean-Baptiste, sous le regard de Dieu le Père et d’une nuée angélique, et de l’autre, une scène du festin d’Hérode, banquet au cours duquel Salomé apporte sur un plateau la tête de saint Jean-Baptiste. Dans le décrochement formé en partie basse des volets sont représentés d’un côté saint Etienne, et de l’autre saint Laurent. La composition de l’œuvre est savamment pensée en trois registres superposés qui se répondent d’un volet à l’autre. On note, dans la mise en place des scènes comme dans les détails d’exécution, une grande maîtrise de la représentation où se mêlent la tradition médiévale et les innovations de la Renaissance. La transposition du banquet biblique dans un contexte contemporain est l’occasion de dévoiler un goût pour le rendu des textiles luxueux, tant des costumes que de l’ameublement, un intérêt pour la représentation à l’Antique et une attention particulière portée au traitement de l’espace, creusé par la multiplication des plans.

La date de 1504 peinte sur l’un des volets permet de dater précisément leur création mais le contexte de commande, tout comme les auteurs de l’œuvre, demeurent inconnus à ce jour. Entre la fin du XVe siècle et le début du XVIe siècle, le comté de Roussillon a connu une histoire politique mouvementée qui le place, sur le plan artistique, au carrefour de différentes traditions. Des liens stylistiques évidents peuvent être établis avec la peinture française et flamande de la même époque sans pouvoir, pour l’instant, identifier un artiste ou un atelier.

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Volet d'orgue représentant le Festin d'Hérode. Détail : Salomé apportant la tête de saint Jean-Baptiste.

© Dinh Thi Tien. DRAC Occitanie

Volet d'orgue représentant le Festin d'Hérode. Détail : le roi Hérode.

© Dinh Thi Tien. DRAC Occitanie

Volet d'orgue représentant le Festin d'Hérode. Détail : Hérodiade, épouse du roi Hérode.

© Dinh Thi Tien. DRAC Occitanie