Au cours des années 2000 et 2010, la cathédrale Saint-Jean-Baptiste a bénéficié d’un important chantier de restauration coordonné par la DRAC Occitanie. Divisé en plusieurs campagnes successives, ce chantier a permis de restaurer les intérieurs de la cathédrale (décors peints et mobilier) mais aussi les vitraux, les toitures et la façade occidentale avec son campanile. Il a enfin donné lieu à des découvertes venues enrichir les connaissances sur les décors peints et sculptés de la cathédrale.

Le dégagement des décors médiévaux a sans doute été la découverte la plus sensationnelle de ce chantier. Après une phase d’étude préalable qui a mis en évidence l’existence de décors peints sous-jacents, les restaurateurs ont mis au jour un décor de têtes de dragons à la gueule béante appelées « engoulants ». Situés dans le prolongement des clés de voûte de la nef, ces motifs n’avaient toutefois pas été décelés lors des sondages préalables, ce qui rend leur dégagement d’autant plus exceptionnel. Un deuxième décor, vraisemblablement daté du XVIIe siècle, a été restitué sur la voûte de la chapelle des saintes Eulalie et Julie, peinte sur fond bleu azur piqueté d’étoiles dorées avec des motifs en faux marbre rouge et ocre sur les nervures. 

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Vue d'ensemble des voûtes de la nef et leur décor d'engoulants 

© Jean-François Peiré. DRAC Occitanie

 

Détail du décor d'engoulants au niveau des nervures

© Jean-François Peiré. DRAC Occitanie

Détail du décor d'engoulants au niveau des nervures

© Jean-François Peiré. DRAC Occitanie

Les clés sculptées et polychromes qui ornent les voûtes de la nef, de la croisée du transept et du chœur ont aussi retrouvé leur éclat. Typiques des édifices gothiques méridionaux, ces décors architecturaux témoignent ici du déroulement du chantier de construction de la cathédrale. Représentant alternativement des figures de saints et des blasons, ils permettent en effet de déterminer plus précisément la période à laquelle les travées ont été voûtées. Les deuxième et troisième travées portent par exemple les armoiries de deux évêques dont les mandats s’étendent de 1453 à 1467. De même, les armes de France et de Bretagne figurées sur les quatre clés de voûte du chœur indiquent que celui-ci a été voûté après le mariage du roi de France Charles VIII avec Anne de Bretagne en 1491.

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Clé de voûte de la troisième travée de la nef avec les armes de l'évêque Antoni de Cardona (1462-1467)

Clé de voûte de la cinquième travée de la nef : saint François d'Assise recevant les stigmates

Clé de voûte de la sixième travée de la nef : le Christ et la multiplication des pains 

© Jean-François Peiré. DRAC Occitanie

Enfin, la clé de la croisée du transept présente la particularité d’être creusée pour former un trou appelé « trou de la Pentecôte ». Décorée d’une bordure sculptée et de flammèches peintes, cette cavité percée directement dans la voûte était utilisée lors des cérémonies de la Pentecôte pour faire tomber depuis les toits des colombes et des bouquets de genêts enflammés symbolisant le Saint-Esprit. Jusqu’à sa restauration en 2009, le trou était dissimulé par une fausse clé de voûte en bois doré et peinte aux armes de Perpignan. Cette clé placée à l’origine sur la voûte du chœur pour masquer le blason du royaume de France avait été repeinte sur fond bleu fleurdelisé et déplacée à la croisée du transept après l’annexion du Roussillon. Aujourd’hui, elle se trouve accrochée sur le mur sud du transept. 

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Détail du décor sculpté au niveau du trou de la Pentecôte

© Pierre Parcé. DRAC Occitanie

Vue de la fausse clé de voûte

© Jean-François Peiré. DRAC Occitanie