Retable de sainte Eulalie et sainte Julie

 

Jean-Jacques Mélair (sculpture), Joan Escriba (dorure)

4e quart du 17e siècle

Bois taillé, doré, peint ; huile sur toile ; marbre

H : 13 m ; la : 7,85 m

Classé au titre des Monuments historiques le 17 février 1964

Le retable a fait l'objet d'un nettoyage intégral entre 2009 et 2011 par les restaurateurs Renato Boï, Philippe Capron, Sylvie Mazillier et Edmond Faïn. L'autel et le mécanisme de la niche-reliquaire à panneau coulissant ont été restaurés en 2013.

 

Vue d'ensemble du retable et de la chapelle des saintes Eulalie et Julie.

© Jean-François Peiré. DRAC Occitanie


Situé dans la chapelle formant le croisillon nord du transept, ce retable monumental célèbre les deux saintes patronnes du diocèse d’Elne et martyres du IVe siècle. Commandé en 1675 par les chanoines d’Elne après le transfert de leur lieu de résidence à Perpignan, il est l’œuvre du sculpteur carcassonnais Jean-Jacques Mélair (-1698) et du doreur perpignanais Joan Escriba (-1710). Ceux-ci sont encadrés par les chanoines, qui dessinent eux-mêmes le modèle à suivre et fixent les conditions de la fabrication. Installé dans la chapelle dès 1677, le retable accueille l’année suivante les reliques des saintes rapportées d’Elne lors du transfert et conservées dans des bustes-reliquaires à leur effigie. Ces reliques prennent place dans une niche aménagée à l’intérieur du retable et dissimulée par un panneau coulissant en partie basse. Cet espace ainsi que le mécanisme à poulies permettant de faire apparaître les reliquaires ont été redécouverts en 2011 dans le cadre de la restauration de l’autel en marbre placé devant le retable. 
 

Bustes-reliquaires de sainte Julie, sainte Pétronille et sainte Eulalie

© Jean-François Peiré. DRAC Occitanie

A la frontière entre architecture et sculpture, ce retable est caractéristique de l’art baroque avec ses figures sculptées qui se détachent de leur cadre architectural, sa profusion de dorures et ses colonnes torses dites salomoniques. S’il mêle personnages et ornements divers tels que des angelots, atlantes, oiseaux, pampres de vigne, rubans et guirlandes de fleurs, il ne présente pas moins une composition ordonnée, basée sur la symétrie. Au premier registre se font face les statues de saint Pierre et saint Paul entourées chacune de quatre colonnes. Juchés sur des frontons brisés, les anges du registre intermédiaire désignent le blason du chapitre d’Elne, symbole de l’implication des chanoines également figuré sur la clé de voûte de la chapelle. Enfin, la partie supérieure du retable montre Dieu le Père surgissant en haut-relief des nuées au-dessous de la colombe du Saint-Esprit. Le soin apporté à la dorure et aux effets de polychromie (sgraffito), notamment sur les vêtements des saints, ajoute à la qualité d’exécution de ces éléments sculptés.

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Détail du retable : statue de saint Pierre

© Jean-François Peiré. DRAC Occitanie

Détail du retable : anges portant le blason du chapitre d'Elne

© Jean-François Peiré. DRAC Occitanie

Détail du retable : Dieu surgissant des nuées entouré de deux atlantes

© Jean-François Peiré. DRAC Occitanie

Enchâssées au centre du retable, deux toiles achetées à Rome en 1680 représentent le couronnement des saintes Eulalie et Julie et l’apparition du Christ à sainte Pétronille. Si la première rappelle la dédicace de la chapelle, la deuxième évoque le changement de dévotion dans cette chapelle consacrée exclusivement à sainte Pétronille avant 1675. Ces tableaux sont attribués respectivement à l’atelier de Pierre de Cortone (1596-1669), un des grands représentants de la peinture baroque, et à Giovani Domenico Cerrini (1609-1681), élève de Guido Reni. 
Le Couronnement des saintes Eulalie et Julie a particulièrement inspiré les artistes du Roussillon. Plusieurs copies de ce tableau sont en effet conservées dans l’ancienne cathédrale Sainte-Eulalie-et-Sainte-Julie d’Elne et l’église Saint-Pantaléon de Cases-de-Pene (Pyrénées-Orientales). 

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Atelier de Pierre de Cortone, Le Couronnement des saintes Eulalie et Julie

© Jean-François Peiré. DRAC Occitanie

Détail du Couronnement des saintes Eulalie et Julie

© Jean-François Peiré. DRAC Occitanie

Giovani Domenico Cerrini (?), L'Apparition du Christ à sainte Pétronille

© Jean-François Peiré. DRAC Occitanie

Détail de L'Apparition du Christ à sainte Pétronille

© Jean-François Peiré. DRAC Occitanie

Le retable des saintes Eulalie et Julie occupe une place importante dans l’histoire du retable catalan et dans la carrière roussillonnaise de Jean-Jacques Mélair, auquel on doit aussi le retable du Rosaire de l’église de Rivesaltes ou encore celui de la Transfiguration, conservé dans l’église de Vinçà. Ce sculpteur est considéré comme étant le premier à introduire la colonne salomonique en Roussillon, faisant ainsi évoluer les formes du retable catalan.