Retable majeur de saint Jean-Baptiste

Ateliers de Claudio Parret, Jordi Lleonart et Onuphre Salla

1573-1631

Albâtre, pierre de taille et brique, bois peint et vernis

H : 9,50 m ; la : 8 m

Classé au titre des Monuments historiques en 1892

Le retable a fait l'objet d'un nettoyage général en 2009 par l'atelier Quélin-Groux.
 

Vue d'ensemble du retable de saint Jean-Baptiste

© Jean-François Peiré. DRAC Occitanie

 

Ornement principal du chœur, le retable majeur de Saint Jean-Baptiste est considéré dans l’historiographie de la cathédrale comme l’un de ses chefs-d’œuvre. Initiée en 1573 par les consuls de Perpignan pour remplacer l’ancien retable, sa réalisation s’étend sur plus d’un demi-siècle. En raison des difficultés à réunir les fonds nécessaires, le chantier ne débute véritablement qu’en 1618 sous la supervision de Claudio Parret, un sculpteur bourguignon installé en Catalogne. Celui-ci exécute la partie inférieure du retable et les deux premiers registres. A sa mort en 1621, deux autres sculpteurs et un menuisier lui succèdent pour achever le troisième et dernier registre ainsi que le couronnement. Malgré des retards, l’avancée du chantier est facilitée par la forte mobilisation qu’il suscite et les moyens mis en œuvre. En effet, tout comme le chapitre et la communauté des prêtres de Saint-Jean, les paroissiens effectuent des dons en faveur de la fabrique créée dès 1573 pour assurer la gestion financière du chantier. Les consuls apportent aussi leur contribution tout en veillant au bon fonctionnement de la fabrique et à l’acheminement des matériaux. Ce retable a en effet pour particularité d’être sculpté en albâtre de Beuda (Catalogne), ce qui nécessite un approvisionnement régulier. 
Achevé en 1631, il est conservé intact jusqu’au XIXe siècle, durant lequel il perd son couronnement en bois sculpté et peint et manque d’être détruit à deux reprises dans le cadre d’un projet de réaménagement du chœur. En 1872, sa dépose est évitée après l’intervention de sociétés savantes et de notables de Perpignan.

« J’ai réservé pour la fin le maître-autel, comme on couronne les feux d’artifice par un bouquet éclatant. Rien, en effet, dans les autres [retables], en dépit de leurs dorures, ne soutiendrait la comparaison avec cet admirable poème de marbre blanc que je renonce à décrire en détail et dont aucun de nous ne vit jamais le pareil, du moins en France. [….] Il paraît que ce splendide ouvrage est menacé, non pas de destruction, une pensée pareille ne saurait se présenter à personne (..) mais d’un déplacement. On voudrait, paraît-il, donner plus de jour au chœur, que ce retable ne gêne pour ainsi dire pas ; on le transporterait donc dans une autre partie de l’église où il ne servirait de rien et ferait l’effet d’un roi détrôné. Mais au prix de quels désastres s’opérerait ce déplacement !! Vous savez avec quelle facilité le marbre s’écorne ; que deviendraient sous le marteau démolisseur ces fines arabesques et ces bas-reliefs ? […] » 

J. de Verneilh, Congrès Archéologique de France, 35e session, 1869

Dédié au saint protecteur de la ville et de la cathédrale, le retable se compose de trois registres de panneaux sculptés illustrant les différents épisodes de sa vie : la Visitation, la Nativité, la Prédication, le Baptême du Christ, le Festin d’Hérode et la Décollation. Des pilastres et des niches abritant des statues d’apôtres et de saints en haut-relief complètent le décor organisé autour de la représentation de saint Jean Baptiste en bois polychrome. Au niveau inférieur, le soubassement est orné de motifs de rinceaux et de petits personnages appelés « grotesques » alors que la prédelle représente des scènes de la vie du Christ (l’Agonie au jardin des Oliviers, la Cène, la Flagellation) et des portraits en médaillon des prophètes de l’Ancien Testament. Les armoiries des différents mécènes ayant contribué au financement du retable, tels que le Consulat de Perpignan, le tribunal de la Loge de Mer et le chanoine Frances Pujol, sont visibles sur certains panneaux. Ceux du soubassement portent ainsi le blason des consuls, modifié par l’ajout de fleurs de lys après l’intégration du Roussillon au royaume de France.

Ces décors d'une grande finesse inscrivent le retable de saint Jean-Baptiste dans la continuité des grands ouvrages d'albâtre sculptés en Catalogne dès le XIVe siècle (Sant Joan de les Abadesses, Tarragone, Poblet, ...).