Enrichi au fil des siècles par des commandes, des transferts ou des dons, le mobilier de la cathédrale compte de nombreux objets de culte qui sont aussi des œuvres d’intérêt majeur sur le plan artistique. Il se distingue plus particulièrement par la richesse de ses retables sculptés, qui forment un ensemble de premier plan par leur qualité d’exécution et le luxe qu’ils déploient. Les pages suivantes proposent une sélection parmi les œuvres les plus remarquables conservées dans la cathédrale. Certaines n’ont pas été retenues, faute de documentation. 

En tant que commanditaires ou mécènes, les évêques, les chanoines, la communauté des prêtres de Saint-Jean mais aussi les confréries de dévotion et de métier ont contribué à l’aménagement de la cathédrale. Si l’historique de certains objets mobiliers peut être retracé grâce aux documents d’archives conservés, d’autres restent aujourd’hui peu documentés. Le commanditaire ou l’artiste demeure parfois anonyme : c’est le cas des volets du grand orgue, qui suscitent néanmoins plusieurs hypothèses sur leur contexte de création. 

Protégés pour la plupart au titre des Monuments historiques, les objets mobiliers de la cathédrale sont principalement l’œuvre de peintres, sculpteurs et doreurs originaires du Roussillon, du Languedoc et de Catalogne. Certains de ces artistes, tels que la dynastie des Guerra ou le doreur Joan Escribà, sont rattachés au collège des peintres et sculpteurs fondé à Perpignan dans le courant du XVIIe siècle. Toutefois, plusieurs œuvres inspirées ou venues d’autres foyers artistiques, l’Italie notamment, révèlent la part d’inspiration étrangère sur la production locale en Roussillon.   

 


 

La cathédrale commence à être meublée pour la tenue du culte dès la fin du XVe siècle et le début du XVIe siècle. Les éléments de mobilier les plus anciens créés spécialement pour Saint-Jean-le-Neuf sont le buffet d’orgue et ses volets, datés de 1504, ainsi que le retable de la Mangrana. Au siècle suivant, la cathédrale reçoit un nouveau retable majeur et les chapelles sont aménagées avec banquettes et lambris. La période révolutionnaire marque une autre étape importante pour le mobilier de la cathédrale : la suppression des ordres religieux entraîne le transfert, à la cathédrale, de plusieurs retables, de tableaux mais aussi des stalles encore visibles aujourd'hui dans le chœur.

Dessin à la plume et lavis à l'encre de Chine représentant la nef de la cathédrale  dans l'ouvrage Voyage Pittoresque en Roussillon de Joseph-Barthélémy Carrère (1787, pl. 24)

© Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France

Au XIXe siècle, la grande campagne de décoration engagée en 1864 bouleverse le mobilier des chapelles latérales. Afin de laisser place aux nouvelles peintures murales, les tableaux ornant les murs des chapelles sont déposés. Le décor du chœur est également remanié en 1916 à la demande de l’évêque Jules de Carsalade du Pont (1900-1932), qui fait déplacer sur les murs du chœur et du transept certains tableaux auparavant situés dans les chapelles et la nef.

Vue de la nef vers le choeur par Jules Tillet (1906)

© Ministère de la Culture (France), Médiathèque du patrimoine et de la photographie, diffusion GrandPalaisRmnPhoto

La présentation actuelle du mobilier remonte aux années 2000-2010. Au cours du chantier de restauration des intérieurs de la cathédrale, l’accrochage des tableaux est repensé suivant une logique historique d’une part et thématique de l’autre. De fait, les tableaux dont l’emplacement historique était connu ont retrouvé leur localisation d’origine alors que d’autres ont été regroupés par thème iconographique : c'est le cas du cycle de peintures de Pierre-Jean Rieudemont autour de la vie de saint François de Paule.