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Dévôt-Christ
1er quart du XIVe siècle
Bois sculpté polychrome, toile de lin, corde, métal
H : 152 cm ; la : 115 cm (Christ) / H : 242 cm ; la : 120 cm (croix)
Classé au titre des monuments historiques le 17 mars 1892 (modification en 1954)
Cette œuvre a fait l’objet d’un traitement de conservation en 1994 par le Centre de Conservation et de Restauration du Patrimoine (CCRP).
Ce Christ en croix sculpté est l’un des trésors du patrimoine religieux de Perpignan. Exposé au départ dans une des chapelles de l’église Saint-Jean-le-Vieux, il est déplacé en 1543 dans la chapelle qui lui est dédiée au sud de la cathédrale. Objet d’une grande dévotion, il suscite la création d’une confrérie siégeant dans la chapelle et participe régulièrement à différentes processions, en particulier lors de la Semaine Sainte.
Cette sculpture, en bois de tilleul et d’aulne, représente les souffrances du Christ sur la Croix, matérialisées par l’expressivité du visage et la présence de nombreuses gouttes de sang. Une cavité située au niveau du thorax du Christ abrite des reliques et un parchemin daté de 1307. Au cours des siècles, le Dévôt-Christ a subi plusieurs interventions qui modifient sa structure et son aspect : au XVIe siècle, des repeints sont venus recouvrir la polychromie d’origine tandis que la croix initialement en forme de Y a été adaptée pour former une croix latine. En 1826 a lieu une première restauration, documentée par une inscription apposée au dos de l’œuvre. Entre le XIXe et le XXe siècle, la cavité servant de reliquaire est ouverte à deux reprises. Enfin, une restauration entreprise dans les années 1990 permet la redécouverte de la polychromie originelle ainsi qu’une étude approfondie du Dévôt-Christ. En plus de confirmer la datation de l’œuvre, celle-ci a permis d’analyser ses matériaux et de mieux comprendre les modifications successives de l’œuvre.
Longtemps considéré comme une œuvre espagnole du XVIe siècle et classé comme tel au titre des monuments historiques en 1892, le Dévôt-Christ est définitivement daté du XIVe siècle par les historiens de l’art dans le courant du XXe siècle. Cette datation s’est faite sur la base de rapprochements avec d’autres Christ gothiques, d’un style et d’une facture proches, et notamment celui de l’église Sainte-Marie-du-Capitole à Cologne. Toutefois, les circonstances de son arrivée à Perpignan et le nom de l’artiste restent à ce jour un mystère.
Par son statut de chef-d’œuvre et ses qualités plastiques, le Dévôt-Christ est une source d’inspiration pour plusieurs artistes. Au début du XXe siècle, le sculpteur roussillonnais Gustave Violet (1873-1952) procède au moulage de la sculpture. Une des copies obtenues d’après ce moulage en plâtre est aujourd’hui conservée au musée Hyacinthe Rigaud de Perpignan. Plus récemment, en 2010, l’exposition « Le Dévôt-Christ revisité », organisée à la chapelle Notre-Dame-des-Anges de Perpignan, a mis en parallèle le Dévôt-Christ avec les peintures de l’artiste Jean Kiras. Le corps humain et la Crucifixion sont en effet des thèmes récurrents dans l’œuvre de ce peintre et sculpteur contemporain.