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Coffret-reliquaire de la main de saint Jean-Baptiste
Fin XIIIe – début XIVe siècle
Bois taillé, polychrome
H : 95 cm ; la : 37 cm
Classé au titre des Monuments historiques le 17 mars 1892
En 2007, le coffret a fait l'objet d'une étude scientifique et d'une intervention de conservation-restauration par Séverine Françoise, élève restaurateur à l'INP, dans le cadre de son mémoire de fin d'études.
Vue générale du reliquaire, après sa restauration en 2007.
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Vue du dessus, montrant le couvercle du reliquaire avec la représentation de saint Jean-Baptiste ailé.
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En 1323, un pèlerin de passage à Perpignan confie au prieur du couvent des Dominicains, Pierre d’Alenya, un coffret contenant la relique de la main et de l’avant-bras gauche de saint Jean-Baptiste. Le coffret est conservé par la communauté des Dominicains après la mort du prieur. En 1381 puis 1407, ceux-ci font traduire à Athènes et à Chypre les inscriptions en grec présentes sur les différentes faces du coffret afin d’authentifier la relique. En 1410, le pape Benoît XIII donne l’autorisation d’exposer en public la relique le jour de la fête du saint (29 août). Conservée au couvent des Dominicains jusqu’à la Révolution, la main de saint Jean-Baptiste est ensuite transférée à la cathédrale et présentée dans un autre reliquaire à partir de 1898. Volé dans les années 1980 puis retrouvé, le coffret a ensuite été présenté dans les expositions « Vingt siècles en cathédrales » au palais du Tau de Reims en 2001 et « L’art gothique en pays catalan » à Perpignan en 2005. Afin d’assurer la bonne conservation de cet objet fragile, particulièrement sensible aux variations climatiques, son exposition se fait depuis 2012 dans les vitrines du département des objets d’art du musée du Louvre.
Peint sur toutes ses faces, le coffret est décoré sur son couvercle d’une représentation de saint Jean-Baptiste figuré en Précurseur du Christ et doté d’une paire d’ailes. Couronné d’une inscription l’identifiant comme « Saint-Jean le Précurseur », il tient de la main droite le livre (un de ses attributs fréquemment représentés) et de la main gauche sa tête entourée d’un nimbe. Propre à l’art byzantin, cette iconographie du saint ailé se retrouve plus particulièrement dans la peinture religieuse de cette période et confirme l’origine orientale du coffret. Il s’agit de fait d’une des plus anciennes représentations de saint Jean-Baptiste ailé après celle que l’on retrouve sur les peintures murales de l’église Saint-Achille d’Arilje (Serbie), datées de 1296. Aux pieds du saint, une deuxième inscription fait écho à sa représentation : « Comment t’appellerons-nous ? Prophète, ange, apôtre ou martyr ? » Quant aux autres inscriptions des faces latérales, elles forment un poème faisant l’éloge du saint et le comparant également à un ange. Des motifs géométriques et végétaux complètent le décor sur les faces restantes.
Exceptionnelle par le caractère singulier de la représentation de saint Jean-Baptiste et par son état de conservation, cette œuvre l’est également par sa charge historique et symbolique. Témoignage de l’importance du culte des reliques au Moyen-Âge, elle illustre le rôle joué par les pèlerinages dans les échanges culturels en Méditerranée.