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- L’orgue de tribune
La première mention d’un organiste titulaire à la collégiale Saint-Jean-Baptiste remonte à 1490 ; l’installation de l’instrument et la création de son buffet sont donc situées dans la seconde moitié du XVe siècle. A l’origine, l’ensemble était pourvu d’une paire de volets peints destinés à être ouverts ou fermés en fonction de l’activité de l’instrument.
Si l’orgue a été maintes fois remanié au cours du temps, il n’en reste pas moins remarquable par son buffet gothique, l’un des plus anciens et des plus vastes conservés en Europe, que par sa partie instrumentale, œuvre du célèbre facteur d’orgue Aristide Cavaillé-Coll dont l’œuvre rayonne, depuis l’atelier familial installé à Toulouse, dans toute l’Europe.
Le buffet a été classé au titre des monuments historiques en 1899 et la partie instrumentale en 1988.Le buffet gothique
L’orgue est situé, suivant la tradition ibérique, en encorbellement au-dessus de la nef, du côté de l’évangile. Son buffet est formé d’un grand-corps à façade plate organisée en douze compartiments orthogonaux décorés de claires-voies finement sculptées de motifs flamboyants, suivant des dispositions typiquement catalanes adoptées, notamment, pour le buffet de l’orgue de la cathédrale de Palma de Majorque (1482).
Le buffet perpignanais se distingue toutefois par sa monumentalité : il mesure plus de 14 mètres de haut et 8,4 mètres de large et accueille 86 tuyaux de montre.
Il a connu plusieurs modifications au cours du temps : la première dès le XVIe siècle avec l’ajout d’un positif de dos, un petit instrument placé sur la tribune dans le dos de l’organiste. Cet état est connu par l’intermédiaire d’un relevé dessiné par Viollet-le-Duc pour illustrer le volume des Voyages pittoresques dédié au Roussillon.
Vue du buffet d'orgue par Viollet-le-Duc
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Buffet d'orgue relevé par Viollet-le-Duc dans son état supposé du XVe siècle
En 1743, le buffet est mis en peinture dans une teinte couleur bois qui assure un effet de contraste avec le fond bleu des reliefs ajourés. La surface du meuble ne conserve aucun vestige d’un décor plus ancien. Enfin, la transformation la plus importante survient dans le cadre du chantier dirigé par Cavaillé-Coll, entre 1854 et 1857. Lors de ces travaux, qui confèrent au buffet sa physionomie actuelle, le positif est supprimé, l’ordonnancement de la façade modifié et la tribune réaménagée pour accueillir un garde-corps à décor néo-gothique, possiblement dessiné par Viollet-le-Duc.
L'instrument de Cavaillé-Coll
Aujourd’hui, il ne reste rien de l’instrument médiéval dont on ignore la configuration musicale. La partie instrumentale de l’orgue a été intégralement reconstruite à plusieurs reprises : une première fois en 1584 par deux facteurs d’orgue barcelonais, Salvador Estrada et Josep Bordons, puis en 1689 sous la direction du facteur parisien Jean de Joyeuse pour la confection d’un instrument typiquement français. Elle est ensuite restaurée, puis augmentée, en 1785, par le facteur Jean Pujol de Montauban.
Après la Révolution et la restauration du culte dans la cathédrale, l’orgue est quasiment muet. Une reconstruction est entreprise par Frédérick Junck en 1843 mais cette intervention, jugée défectueuse, au point que l’organiste dit alors ne plus pouvoir se servir de l’instrument, est rapidement contestée. Une nouvelle reconstruction de l’orgue est donc confiée à Aristide Cavaillé-Coll en 1850 et inaugurée en 1857. Elle est considérée comme l’un des chefs d’œuvres du plus célèbre facteur d’orgue du XIXe siècle. L’orgue, en réutilisant quelques éléments de la construction de Junck, compte 58 jeux répartis sur quatre claviers manuels de 54 notes et un pédalier de 25 notes. Sa grande originalité repose sur l’agencement des claviers, qui s’étagent pour la première fois du plus fort au plus faible, en accord avec la logique interne de l’instrument.